La tradition du textile à Amiens

La tradition du textile à Amiens

L'histoire de l'industrie du textile à Amiens

Amiens ville drapière...

une réalité qui a forgé l'identité de la ville
" Amiens - ses velours - sa confection " ; imprimé sur chaque lettre partant d'Amiens, ce cachet de la poste du début du XXème siècle  en dit long...

Du XIIème siècle au XXème siècle, la puissance économique d'Amiens se fonde sur son activité textile. Des petits ateliers à l'industrie textile mécanisée à l'usine, l'empreinte de cette activité est profonde : sociale, culturelle, résidentielle,... 
 
Dès le XIIème siècle, Amiens fut réputée comme " ville drapière ". Les troupeaux de moutons picards, la population rurale qui filait la laine, tissée ensuite à la ville, les eaux de la Somme, douces et dont le faible débit se révèle idéal pour fixer les couleurs sont autant d'éléments qui expliquent la naissance d'une importante activité textile. Les exportations vers l'Italie sont attestées dès 1182. Au milieu du XVIIIème siècle, la concurrence anglaise obligeait à abandonner en partie le travail de la laine (filée au rouet jusqu'en 1823 et mécaniquement par la suite) pour se consacrer plus amplement au tissage du coton. L'industrie du coton, introduite en 1755, fit un bon en avant spectaculaire grâce à l'importation du savoir-faire anglais : des ouvriers de Manchester passèrent de l'autre côté de la Manche et le secret de la mécanique Mull-Jenny* fut révélé en 1788. L'impulsion une fois donnée, de plus grands établissements se formèrent. Sans toutefois pouvoir rivaliser avec Manchester, Amiens devient la ville du tissage de coton et de la confection ayant comme spécialités particulièrement prestigieuses, la production du velours de coton et celle du velours d'Utrecht (voir à gauche). La teinturerie, en tant que complément naturel des activités de filature et de tissage connait également un certain rayonnement à Amiens ; à travers l'activité d'Alexandre Bonvallet et de ses descendants notamment.
Les industries textiles sont localisées dans le vieux quartier industriel de Saint Leu, véritable mosaïque d'îlots où chaque façade cache un petit atelier et son métier à tisser ou dans les faubourgs naissants, comme Saint Maurice, où la place disponible permit de développer de manière logique la construction d'immenses usines et ses rangées de maisons ouvrières en proximité immédiate.

 


* Premier métier à tisser mécanique

Les principales manufactures de textile à Amiens

La Manufacture royale d'étoffes fleuries d'Alexandre Bonvallet

La Manufacture royale d'étoffes fleuries d'Alexandre Bonvallet
Après deux lancements malheureux, à Grandvilliers (actuel département de l'Oise) puis à Eramécourt (actuel département de la Somme), Alexandre Bonvallet, en 1756,  installa une manufacture aux côtés de trois moulins, une chapelle et quelques maisons de maraîchers, dans une paroisse rurale rattachée administrativement à Amiens : Saint Maurice. Rapidement, il fit construire de nouveaux bâtiments pour la teinture et l'impression et Saint Maurice devint après 1790, le territoire d'élection des teinturiers. La manufacture obtint le titre de Manufacture royale d'étoffes fleuries en 1787. En introduisant à Amiens, l'impression sur étoffe à l'aide d'une plaque de bronze (gravée pour créer des motifs) et par la découverte de l'impression mécanique continue, Alexandre Bonvallet s'est imposé comme le plus grand imprimeur sur étoffes d'Amiens. Créé en 1999, l'atelier Benoit Toscan est l’héritier des Manufactures Royales Bonvallet d'Amiens dont il a réintroduit le savoir-faire.

La manufacture de velours Cosserat

 

La manufacture de velours Cosserat
C'est au moment de la révolution française, en 1794, que le lorrain Pierre Cosserat s'installa à Amiens, capitale déjà incontestée du velours. Il développe l'activité du velours en utilisant le modèle anglais qu'il va moderniser. Ses descendants perpétueront le développement de ce savoir-faire typiquement picard. A la fin du XIXème, les usines Cosserat sont un modèle de modernité en industrie textile. Aujourd'hui, C & V Cosserat International appartient au passé.

Les principaux textiles produits à Amiens

La waide
La waide (ou guède en français) est une plante crucifère à fleurs jaunes qui ressemble au colza. Elle était cultivée tout autour d’Amiens. Seules ses feuilles ont une vertu colorante : séchées, formées en boules, broyées puis réduites en poudre, elles permettaient de teindre les étoffes en bleu.  Avec le développement du commerce de la waide, Amiens devint dès le XIIIème siècle le pays de l'or bleu ; prospérité qui peut expliquer en partie les volumes spectaculaires de la Cathédrale d'Amiens construite en seulement 67 années. La waide fut à partir du XVIIème siècle supplantée par l’indigo.
 

Le velours de coton
Le velours de coton
D'origine anglaise, le velours de coton (velours à côtes) fut introduit à Amiens par Honoré Matifas en 1762.

Le velours d'Utrecht

Le velours d'Utrecht est un velours d'ameublement fait de coton, de lin et de mohair. C'est le mohair, poil de chèvre d'Arménie qui fait l'originalité du tissu. Après la révocation de l'Edit de Nantes (1685), les meilleurs fabricants de l’époque, de confession protestante, ont fui Amiens et les persécutions pour s’installer à Utrecht aux Pays Bas . Ils y continuèrent leur travail. Quand ils revinrent en France vers 1754, le nom d’Utrecht avait une telle renommée qu’il est définitivement resté associé au velours... le fameux velours d’Utrecht aurait pu s’appeler " velours d’Amiens " !

L'industrie textile à Amiens aujourd'hui


Les entreprises qui ont résisté aux crises successives font toujours coexister des méthodes ancestrales et la technologie la plus innovante ; c'est le cas du fabricant de velours d'Amiens Cosserat, l'atelier Benoit Toscan à Querrieu qui crée des tissus pour la décoration de luxe, les Etablissements Saint Frères à Flixecourt qui emploient encore aujourd'hui une centaine de personnes, Malterre à Moreuil, Trocmé Vallart à Ronssoy,...

Le Conservatoire du textile vivant Bleu de Cocagne nous guide à la découverte du Velours et des grandes inventions du Textile Amiénois : L’impression au rouleau BONVALET, la tonte mécanisée des draps et velours DELARCHE, le métier à tisser sans navette DEWAS, le métier circulaire SAINT frères remis en état de marche par le Conservatoire.